Retour sur la lettre pastorale de Mgr Ranjith.

Retour sur la lettre pastorale de Mgr Ranjith.

Certains d’entre nous, ça et là, ont pu prendre connaissance de la lettre pastorale de Mgr Ranjith, l’ancien secrétaire de la Congrégation du culte divin, rendue disponible sur plusieurs sites internet, dont celui de l’association Pro Liturgia (http://pagesperso-orange.fr/proliturgia/Informations.htm )

Nous en reproduisons ici le texte, avec [commentaires en rouge]. Les mises en gras sont de nous.


Chers Frères et Sœurs,

Ces derniers temps un certain nombre de mouvements de renouveau catholique et de personnes ont conduit de multiples exercices paraliturgiques en dehors du calendrier paroissial habituel. Tout en appréciant les nombreuses conversions, la valeur de témoignage, l’enthousiasme renouvelé pour la prière, la participation dynamique et la soif de la Parole de Dieu, je suis, en tant qu’Evêque diocésain et intendant général des mystères de Dieu dans l’Eglise locale confiée à mes soins, le modérateur, le promoteur et le gardien de la vie liturgique de l’archidiocèse de Colombo; à ce titre, je sollicite donc votre bienveillante attention sur les aspects liturgiques et ecclésiologiques liés à cette nouvelle situation et vous prie instamment de respecter les directives énoncées dans la présente circulaire à effet immédiat. [Mgr Ranjith parle ici probablement de groupes de prière de « louange » dont les paraliturgies ont un fonctionnement très proches des assemblées pentecôtistes. Il est vrai qeu ce type de groupes de prière se multiplie dans tout le monde catholique. Il est exact également que ce type de groupe de prières produit des fruits, de mission et de conversion. Gr RUne des premières choses que note Mgr Ranjith et qui n’est pas rituelle mais pratique est justement le manque de caractère « paroissial » de telles manifestations.]

L’Eucharistie est la célébration du Mystère pascal [cette référence à la théologie liturgique d’après guerre, que l’on doit notamment au RP Louis Bouyer et qui a été le guide de l’instauratio liturgique d’après le Concile est à la fois riche et intéressante ! Mgr Ranjith donne le ton : il va donc parler ici de la liturgie romaine telle que l’entrevoit Vatican II] par excellence donné à l’Eglise par Jésus-Christ Lui-même. Jésus-Christ est le commencement de toute liturgie dans l’Eglise et à ce titre toute liturgie est donc essentiellement d’origine divine. [un rappel clair et judicieux sur le caractère fondamentalement objectif de la liturgie, qui ne peut pas exprimer simplement les sentiments du ou  des célébrants…] Elle est l’exercice de Sa fonction sacerdotale et par conséquent n’est certainement pas une simple entreprise humaine ou une pieuse innovation. En fait, il est inexact de l’appeler une simple « célébration de la vie ». Elle est beaucoup plus que cela. Elle est la source et le sommet à partir desquels toutes les grâces divines arrosent l’Eglise. [C’est une référence explicite à plusieurs passage de Vatican II, dans Sacrosanctum Concilium, mais aussi dans Mediator Dei, l’encyclique de Pie XII : la liturgie est l’œuvre du Christ et de son Corps qui est l’Eglise]

Ce très sacré Mystère a été confié aux Apôtres par le Seigneur, et l’Eglise en a soigneusement préservé la célébration au cours des siècles, [notons que Mr Ranjith n’utilise pas le passé : « en a préservé la célébration » : cela est donc implicitement valable pour l’ordo de la messe actuelle, ordinaire, l’editio typica de 2002] donnant ainsi naissance à une tradition sacrée et une théologie qui ne cèdent pas à l’interprétation individuelle ou privée.

Par conséquent, aucun prêtre, qu’il soit diocésain ou religieux, ou invité de l’extérieur de l’archidiocèse voire de l’étranger, n’est autorisé à modifier, ajouter ou retrancher quoi que ce soit dans le rite sacré de la messe. Ceci n’est pas nouveau mais a été établi en 1963 par la Constitution Sacrosanctum Concilium (22.3), la constitution dogmatique [notons cet épithète : Mgr Ranjith qualifie bien Sacrosanctum Concilium de constitution dogmatique. Cela n’a l’air de rien, mais c’est très rarement précisé ; cela place effectivement bien l’accent sur le caractère non optionnel de l’application de ce texte…] sur la sainte liturgie du Concile Vatican II, et a été plus tard réitéré à maintes reprises dans des documents comme Sacramentum Caritatis de Sa Sainteté Benoît XVI et Ecclesia de Eucharistia du Pape Jean-Paul II de vénérée mémoire.

A cet égard, certains éléments devraient être explicitement mentionnés:

1. Les prêtres ne sont pas autorisés à modifier ni à improviser la Prière eucharistique ou d’autres prières immuables de la Messe – même s’il s’agit de donner des précisions sur un élément déjà présent – en chantant des refrains différents ou des explications diverses. Nous devons comprendre que la liturgie de l’Eglise est étroitement liée à sa foi et à sa tradition: « Lex orandi, lex credendi« , la règle de la prière est la règle de la foi ! C’est le Seigneur qui nous a donné la liturgie et personne d’autre ; personne d’autre n’a donc le droit de la changer.

2. Les manifestations du type « Praise and Worship » [c’est-à-dire ce qu’on désigne généralement en France par les « chants de louange »] ne sont pas permises au cours de l’ensemble du rite de la Messe. La musique désordonnée et assourdissante, les claquements de mains, les longues interventions et les gestes qui perturbent la sobriété de la célébration ne sont pas autorisés. Il est très important que nous comprenions la sensibilité culturelle religieuse du peuple sri-lankais. La majorité de nos compatriotes sont bouddhistes et à ce titre habitués à un culte profondément sobre; pour leur part, ni les musulmans ni les hindous ne créent d’agitation dans leur prière. [Ceci est également valable….En France : les manifestations de ce type sont en fait tout à fait contraires à la culture française pour les célébrations liturgiques] En outre, il existe dans notre pays une forte opposition envers les sectes fondamentalistes chrétiennes et nous nous battons, en tant que catholiques, pour faire comprendre que les catholiques sont différents de ces sectes. Or, certains de ces soi-disant exercices de louange et d’adoration ressemblent plus à des exercices religieux fondamentalistes qu’au culte catholique romain. [Il est tout à fait exact que ce type de manifestations introduit une confusion qui peut être assez troublante entre ce que peut être a manifestation de l’Eglise en prière et les interventions désordonnées de certains groupuscules qui n’ont aucune légitimité pour prétendre prier avec Elle] Qu’il nous soit permis de respecter notre diversité culturelle et notre sensibilité. [Concrètement, il est clair que ce que dénonce en réalité Mgr Ranjith, ce n’est pas une préférence pour « sa » sensibilité, mais une résistance face à l’intrusion de certaines « sensibilités » – clairement de type pentecôtiste nord-américaine importées indûment et contraires non seulement aux coutumes Sri-Lankaises mais aussi aux coutumes de l’Eglise universelle…]

3. La Parole de Dieu prescrite ne peut être changée au hasard et le psaume responsorial doit être chanté et non remplacé par des cantiques de méditation. La dimension contemplative de la Parole de Dieu est d’une importance capitale. Dans certains des services paraliturgiques, les gens ont tendance aujourd’hui à devenir extrêmement verbeux et bavards. Dieu parle, nous devons L’écouter ; et, pour bien écouter, le silence et la méditation sont plus nécessaires que l’exubérance cacophonique.

4. Les prêtres doivent prêcher la Parole de Dieu sur les mystères liturgiques célébrés. Il est strictement interdit aux laïcs de prêcher lors des célébrations liturgiques. [Et donc à encore plus forte raison à des laïcs de confession chrétienne non catholique…]

5. La Très Sainte Eucharistie doit être administrée avec le plus grand soin et le plus grand respect, et ce uniquement par ceux qui sont autorisés à le faire. [Les ministres ordinaire de la sainte communion sont : l’évêque, le prêtre le diacre. Tous les autres sont extraordinaires] Tous les ministres, habituels comme extraordinaires, doivent être revêtus des ornements liturgiques corrects. [Le vêtement commun des ministres est l’aube, serrée à la taille par un cordon. Au premier chef, les ministres extraordinaires doivent être choisis parmi les autres ministres institués… Lecteur et acolyte. Il n’est pas envisageable, en toute bien séance, de voir un ministre de la communion en civil, ou même une ministre de la communion, fut elle religieuse, sans a minima l’aube. En administrant la communion, le ministre doit porter, si il est ordonné, à minima l’étole, ou si il intervient autrement dans la liturgie – concélébration, diacre – la chasuble et/ou la dalmatique…] Je recommande à tous les fidèles, y compris aux religieux, de communier avec respect, à genoux et sur la langue. [C’est écrit : cela ne paraît pas vraiment optionnel, écrit comme cela…] La pratique de l’auto-communion est interdite et je demanderais humblement à tout prêtre qui la permettrait de suspendre immédiatement cette pratique. [L’auto-communion consiste à se communier soi même, ce qui est interdit à moins d’être célébrant ou concélébrant. Ce qui signifie qu’un prêtre qui communierait à une messe qu’il ne (con-) célèbrerait pas devrait recevoir la communion à genoux et dans la bouche…. Oui, oui, c’est bien ça que dit Mgr Ranjith. Mgr Ranjith vise aussi la pratique répandue et fautive de « l’auto-intinction ». Cette remarque pourrait valoir également en de nombreux endroits en France, y compris chez certaines communautés religieuses. Elle consiste, lors de la communion sous les deux espèces « par intinction » (le fait de tremper l’hostie consacrée dans le vin consacré et de consommer le sacrement de cette manière sous les deux espèces) à laisser le communiant prendre lui-même l’hostie dans la main pour pratiquer lui-même l’intinction en trempant l’hostie dans le Calice. Cette pratique a été explicitement interdite par Sacramentum Caritatis.]

6. Tous les prêtres sont censés suivre le rite de la Messe tel qu’il est stipulé, afin qu’il n’y ait pas lieu de comparer et d’opposer les messes célébrées par certains prêtres aux autres messes dites par le reste des prêtres.

8. Les bénédictions liturgiques sont réservées uniquement aux ministres de la liturgie, c’est-à-dire: les évêques, les prêtres et les diacres. Tout le monde peut prier pour l’autre. Mais il est instamment recommandé de ne pas utiliser de gestes pouvant porter à l’illusion, à la confusion ou à une mauvaise interprétation. [Cela concerne probablement aussi le fameux geste de bénédiction donné dans de nombreux endroits aux gens qui s’avancent bras croisés dans la file de communion sans demander le sacrement, pour des raisons variées : âge, impossibilité, etc… Il n’est non seulement pas juste, mais aussi pas licite pour un ministre extraordinaire de la communion de donner une « bénédiction » au fidèle. Pour plusieurs raisons : nous sommes effectivement littéralement dans le cas mentionné par Mgr Ranjith d’une « bénédiction liturgique »…. Quelle force alors donner à l’autre bénédiction liturgique qui est donnée par le célébrant, lors du rite de l’envoi ? Par ailleurs, le geste liturgique de la procession de communion doit signifier ce qu’il réalise : une procession pour communier… Que serait la signification de cette procession de non communion ? Enfin, si cette habitude se prend et que les ministres extraordinaires (laïcs) de la communion comprennent qu’ils ne sont pas en pouvoir de donner cette bénédiction, les gens qui seraient en attente de ce geste se présenteraient pour cela exclusivement auprès du célébrant ou d’un diacre…. Qui finirait par donner davantage de bénédictions que de sacrements… Il faut tout simplement rappeler que le fait de communier n’est en aucun cas un geste mondain, que cela n’est obligatoire qu’une seule fois par an à Pâques, même si évidemment l’Eglise encourage fortement la communion fréquente depuis le début du XXème siècle. Il est frappant de constater que dans ce qu’on appelle l’usus antiquior (forme du rite romain dite extraordinaire) le rite de communion des fidèles est comme surajouté à la liturgie, et que jusqu’à une date récente, la communion ne se recevait pas au cours de la messe, mais avant, pendant ou après, mais certainement pas au moment de la communion du prêtre. La réforme de la liturgie a voulu réellement mieux enchâsser ce rite dans la cohérence du déroulement de la célébration de la messe, et c’est heureux. Il faut pourtant s’attrister de constater que l’habitude de l’ancien rite de ne communier que très rarement, qui était un phénomène sociologique contre lequel a lutté S. Pie X s’est transformée en une habitude de communier systématiquement… Ou en tout cas participer à cette procession de communion – ou de non-communion/« bénédiction » ! – systématiquement. C’est aussi un phénomène sociologique et non pas liturgique qui est évidemment tout sauf justifiable, et contre lequel il s’agit également de lutter….]


Ce texte est vraiment très intéressant et va tout à fait dans un sens que nous évoquions dans nos pages et qui correspond concrètement à un enseignement de Vatican II : l’évêque étant – comme le rappelle Mgr Ranjith – l’ « intendant général des mystères de Dieu dans l’Eglise locale confiée à [ses] soins, le modérateur, le promoteur et le gardien de la vie liturgique » dans son diocèse, il est la seule personne à pouvoir et à devoir faire appliquer la loi liturgique dans son diocèse ; pour aller encore plus loin, il devrait, en tant qu’ordinaire, mettre en œuvre un « coutumier liturgique » proposant et imposant un choix parmi les options disponibles dans le rite romain (prières eucharistiques, célébration des mémoires ad libitum, variantes des rites pénitentiels, etc..). Mgr Ranjith le fait ici très clairement par cette lettre pastorale, qui n’est en rien surprenante mais absolument « ordinaire » (c’est-à-dire « dans l’ordre des choses ») et plus précisément en ce qui concerne la manière de recevoir la communion. Il demande à ce que partout et pour tous, dans son diocèse, la communion soit reçue à genoux et dans la bouche. Il n’ignore pas qu’il y a d’autres manières de faire et la possibilité d’appliquer un indult pour la communion dans la main, mais sa prérogative d’évêque diocésain de généraliser la forme traditionnelle de la réception de la communion.

Ceci n’est que très peu compris aujourd’hui. Parce que c’est une véritable révolution pastorale. L’habitude a été prise en particulier en France pour les évêques de (se / les) considérer comme des sortes de préfets du pape… Chose contre laquelle un Cardinal Vingt-Trois a pu protester récemment,, sans doute maladroitement, sans être toujours bien compris :

« Les rapports du pape avec les évêques ne sont pas des rapports de patron à employés. Il n’est pas un PDG d’une multinationale qui vient visiter une succursale »

Entre les évêques et le pape, il n’y a pas de « rapports de subordination servile »: l’évêque, pour tenir non seulement son rang mais pour se conformer au charisme de l’ordre (dont il détient la plénitude du sacrement) se doit d’être un ordonnateur fidèle de la liturgie de son diocèse.

« L’évêque dirige l’Eglise particulière, qui lui est confiée, et il lui appartient de régler, diriger, stimuler, parfois même de reprendre, en exerçant la charge sacrée qu’il a reçue par l’ordination épiscopale, pour édifier son troupeau dans la vérité et dans la sainteté » (Redemptionis Sacramentum)

Ceci imposerait pour tous les ordinaires de publier non seulement un ordo diocésain précis et exigeant, mais aussi un coutumier liturgique en conformité avec les réalités culturelles et pastorales de son diocèse. Nous avons malheureusement le sentiment que cette mise en valeur du rôle liturgique mais aussi pastoral pour l’évêque qu’a mis en exergue Vatican II s’est au moins dans notre pays souvent retrouvé stérilisé par les instances ecclésiales nationales ou par région linguistique (Commission des traductions liturgiques francophones, Conférences des Évêques de France), alors même que le rôle de ces dernières, si il est indispensable, n’est certainement pas de prendre la places des évêques das leur tâche de gardien de la liturgie. C’est aussi dû dans notre pays à un poids de l’histoire, qui a souvent poussé le pape, pour éviter d’avoir face à lui des personnalités dérangeantes (par peur d’un gallicanisme rampant), à ne nommer à des postes clefs (cardinaux) que des personnages sans envergure au long du XVIIème au XXème siècle. Le P. Bouyer l’explique très bien avec la plume acérée :

« Il y a quelques mois je m’entretenais de la situation actuelle dans l’Église avec un évêque africain, qui est non seulement un des meilleurs évêques du continent noir, mais un des meilleurs de l’Église contemporaine. Avec ce bon sourire malicieux dont Dieu a éclairé les visages les plus sombres de l’humanité, il me disait : “Que voulez-vous ! L’Église, après le Concile, est un peu dans la même situation que nos armées africaines. On y a fait, du jour au lendemain, des généraux de gens choisis et formés pour n’être jamais que des sergents-chefs. Cela ne pourra jamais marcher tant qu’un ne sera pas sorti de cette situation.” J’avoue qu’il me paraît que cet évêque mettait lui-même le doigt sur la plaie actuelle de l’épiscopat. »
BOUYER (Louis), La décomposition du catholicisme, Paris, Aubier-Montaigne, collection « Présence et pensée », 1968

Nous venons donc de très loin. N’en déplaise à certains, Rome n’a pas les moyens de créer une « police liturgique » qui vérifierait que dans tout le monde catholique, la liturgie eucharistique est en conformité avec le Missel. Ce rôle de régulation et d’ordonnancement relève de l’évêque, qui d’ailleurs, sous peine de rupture de communion, ne peut pas aller contre ce que demande le pape en ces matières, et donc contre les éditions typiques des livres liturgiques. Encourageons donc nos évêques, lorsque nous les croisons et échangeons avec eux à prendre en compte ce rôle essentiel qu’ils ont dans la liturgie de leur diocèse, à remplir pleinement leur mission liturgique qui leur est conférée par la possession de la plénitude du sacrement de l’Ordre. Si rien ne se passe comme prévu, vous êtes bien sûr fondé, comme simple laïc, à écrire une lettre à la Congrégation du Culte Divin (Redemptionis Sacramentum le mentionne explicitement). Mais dans bien des cas, ce dicastère ne peut que se contenter d’accuser réception en vous envoyant une lettre réconfortante… Mais ne peut pas faire beaucoup mieux…


Commentaire : « Paix liturgique » et ses erreurs de lecture et d’appréciation.

Beaucoup d’entre nous connaissant « Paix liturgique », qui, que vous le vouliez ou non, vous abreuve régulièrement d’emails visant à vous alerter sur des « non applications » du Motu Proprio Summorum Pontificum et vous inviter à vous unir pour faire pression sur votre curé et sur votre évêque, qui ni l’un li l’autre (on vous le démontre !!! n’est en véritable communion avec Benoît XVI… !). Nous avons dit plusieurs fois dans nos pages à quel point nous considérions ces procédés non seulement comme illégitimes au regard de la discipline de l’Eglise mais encore comme théologiquement inacceptables en plus d’être opérationnellement inefficaces pour la cause de la promotion d’une authentique pratique liturgique conforme au génie du rite romain.

Mettons donc une fois de plus les pieds dans le plat. « Paix Liturgique » cherche encore ici à faire « feu de tout bois » en nous proposant une interprétation non seulement orientée mais erronée de cette lettre pastorale. Vous connaissez le texte (ou alors, si vous ne l’avez pas reçu, expliquez-nous comment vous faites, parce que pour notre part, nous n’avons toujours pas trouvé de bon moyen de ne plus recevoir ces emails non sollicités…) donc nous n’en citerons que quelques bribes.

Si d’ailleurs, tant de remontrances – malheureusement parfaitement inutiles – ont été énoncées par Rome depuis la promulgation de la réforme liturgique Bugnini, [Paix liturgique utilise ainsi un procédé dialectique pour tenter de décrédibiliser la réforme liturgique d’après le concile, qui serait donc, si on lit bien complètement l’ouvre d’une seule personne (à savoir Mgr Bugnini) et qui serait à distinguer à la fois de l’essence du rite romain et de la volonté du Concile œcuménique… Or une réflexion honnête demanderait a minima plus de retenue, d’analyse et de réflexion…] c’est assurément que s’était introduit en elle dès l’origine, comme faisant corps avec elle, un principe de désordre : multiples traductions souvent hasardeuses ; [les textes liturgiques de la réforme sont publiés en latin : on ne peut pas en vouloir aux concepteurs de la réforme liturgique des traductions mauvaises qui ont été faites ensuite] variations innombrables permises dans les gestes et les textes ; [comme déjà expliqué dans ces pages, les « options » ouvertes par le missel réformé ont pour objectif d’être encadrées par les usages diocésains, qui retrouvent leur légitimité par volonté du Concile lui-même ; comme indiqué dans le missel romain, « l’Évêque diocésain, premier dispensateur des mystères de Dieu en l’Église particulière qui lui est confiée, est le régulateur, le promoteur et le gardien de toute la vie liturgique » – PGMR 22, Cf. Conc. Œcum. Vat. II, Decr. de pastorali Episcoporum munere, Christus Dominus, n. 15 ; cf. aussi Const. de sacra Liturgia, Sacrosanctum Concilium, n. 41. Les options présentes dans l’ordo ont à âtre régulées par l’ordinaire, c’est-à-dire le plus souvent par l’évêque diocésain,  et non pas par la subjectivité et la créativité des célébrants ou des équipes liturgiques] éclatement de la prière eucharistique unique qui était la grande caractéristique de la liturgie romaine ; et d’une manière générale indications qui avaient toute les apparences d’une invitation généralisée à la créativité. [L’invitation généralisée à la créativité n’est certainement pas dans l’ordo de la Messe lui-même. Ce qu’il faut incriminer c’est bien plus l’esprit du temps et mai 1968… Il est frappant de constater que tout cela a été d’actualité pendant toutes les années « noires » où la liturgie a été entachée d’idéologie notamment marxiste, et ce dès avant le Concile… Si bien que l’ordo de la messe d’avant le Concile lui-même a subi ce genre de « problèmes », même si c’est dans une moindre mesure. Paix liturgique à force de vouloir trouver des raisons de revenir de façon exclusive à l’ordo ancien de la Messe, invente des raisons liturgico-pastorales de décrédibiliser l’ordo de la messe célébrée chaque jour par le pape… Ce qui en dit long sur le Sensus Ecclesiae de cette organisation, dont les motivations comme les objectifs semblent être beaucoup plus de l’ordre de l’agit-prop que du service de l’épouse du Christ… Nous invitons Paix Liturgique a essayer de prendre un peu de hauteur par rapport au débat et à actualiser son discours : nous ne sommes plus en 1981.]

De sorte que, en matière de réforme liturgique, prescrire de revenir à la « norme », c’est en fait modifier l’essence de la réforme elle-même, [Paix liturgique semble ignorer que par essence, justement, l’Eglise ne peut pas donner des fruits empoisonnés, et que la façon dont a été mise en œuvre la réforme doit être distinguée de la réforme elle-même. A force de mélanger les deux choses, aucune critique positive ou négative d’aucun ordo n’est possible. Cette stérilisation militante de la pensée liturgique est réellement dommageable pour l’éclosion du « nouveau mouvement liturgique ».] qui est a-normative par nature, et c’est ainsi faire avancer un processus inéluctable de révision de cette très étrange réforme liturgique. [Accusation gratuite qui n’engage que « Paix liturgique ». Nous nous réservons le droit, quant à nous, de penser par nous-mêmes et de regarder aux sources.] Qui plus est, les appels romains apparaissent souvent « abstraits », ou pour mieux dire lointains. Avec ce document épiscopal, on passe au « concret », c’est-à-dire à des prescriptions de terrain. [Mgr Ranjith ne fait que mettre en œuvre son charisme épiscopal d’ordonnateur de la liturgie. C’est comme cela que ça se passe et que la liturgie « ordinaire «  est supposée être mise en œuvre.]

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.