Le 13ème dimanche B 2018 A.D.
(Sg 1, 13 – 25 ; 2 Cor 8, 7- 15)
(par P. P. Madros)
Le Père Pierre Madros (Peter Madros), né le 7 octobre 1949 à Jérusalem, est un prêtre palestinien du Patriarcat latin de Jérusalem, conseiller de Mgr Fouad Twal. Il est docteur en théologie biblique de l’université pontificale Urbaniana. Pierre Madros est impliqué dans le processus de paix israelo-palestinien, notamment dans la protection des dernières communautés chrétiennes de Palestine6.
Le Dieu vivant auteur de la vie (Sg 1, 13 s)
Que « Dieu n’ait pas fait la mort » nous semble dur à avaler ! Le Créateur aurait pu très bien l’éliminer de son programme, comme phénomène naturel ou comme châtiment pour l’humanité rebelle et arrogante. Au fond, physiquement, la mort aurait été, même sans péché, une fin normale de l’existence ici-bas, selon le principe de l’entropie ( R. Clausius), la perte de l’énergie, et aussi pour le bien des générations futures pour lesquelles la vie serait impossible si les ancêtres vivaient encore ! Le tragique, c’est « la mort amère », à cause du péché, et, pire, « la deuxième mort », dans le malheur éternel.
Un dicton islamique, probablement une Tradition attribuée à Ali, déclare : « Gloire à Celui qui a vaincu ses esclaves par la mort et l’anéantissement سبحان الّذي قهر عباده بالموت والفناء». Le trépas des humains est présenté comme une victoire d’Allah qui, une fois de plus, et pour de bon, écrase ses esclaves qui n’ont rien à dire et n’y peuvent rien faire : preuve apodictique de Sa toute-puissance et « de son éternité », en contraste avec leur faiblesse et leur mortalité. Cette mentalité islamique d’esclaves enfermés de force dans le néant, accompagnée par un peu de fatalisme, rend paradoxalement la mort à la fois plus absurde et plus acceptable : exemple supplémentaire d’incohérence. Pour nous chrétiens, le Christ a vaincu la mort. Il est le premier-né parmi les morts et les vivants ressuscités. Il nous précède dans le royaume. Si nous choisissons le péché et l’iniquité, nous serons responsables de notre seconde mort !
Passons à la deuxième lecture.
Saint Paul aux Corinthiens et à nous : « Attention, les enfants ! Il ne s’agit point, pour soulager les autres, de vous réduire à la gêne » (2 Cor 8, 13)
L’apôtre, dans un mélange d’ironie et de recherche de la bienveillance corinthienne, énumère les atouts de la communauté, récemment passée au Christ. Vous êtes calés, les gars ! Vous avez tout : « la foi, l’éloquence (il y avait des écoles fameuses de rhétorique à Corinthe. Pensons à l’orateur Démosthène), la connaissance (des académies de philosophie faisaient honneur à la cité, avec un Diogène Laërce), le courage… » Puis arrive un appel à la générosité. Vous savez, quand on « tape » les gens, il faut y aller doucement et gentiment, sous peine de ne rien récolter ! Paul tranquillise ses Corinthiens : on ne va pas vous ruiner ! Générosité et charité ne signifient pas suicide, dénuement et misère pour les bienfaiteurs !
Excellente leçon pour nos « pauvres » chrétiens d’aujourd’hui, sollicités de toutes parts, facilement injectés de « mauvaise conscience », traités d’hypocrites et d’égoïstes » (par un Matteo Renzi ou un cardinal de gauche). À la fin, comme un Tolstoï qui avait aidé beaucoup de pauvres : il est devenu lui-même miséreux.
Équilibre chrétien entre l’amour pour le prochain et l’amour pour soi-même. C’est par ce dernier que « commence la charité bien ordonnée ». Or, de notre temps, si difficile pour les chrétiens, même et surtout en Occident, les ONG, les gouvernements, et des membres du clergé continuent à déranger, réprimander et admonester les Catholiques : « Allez ! Donnez ! Vous ne faites pas assez pour l’unique impératif de l’accueil » ! » Résultat : trop de citoyens se trouvent blâmés car « ils ne contribuent pas au soulagement des autres ». Or, ils n’ont pas ou n’ont plus les moyens. Après avoir travaillé pendant des décennies, ils touchent une modeste pension et ont toujours dû payer des taxes. Et ils doivent encore aider des étrangers, « réfugiés, migrants, demandeurs d’asile » qui, eux, reçoivent tout (des contribuables), ne travaillent généralement pas, et ne paient pas d’impôts.
Il n’est pas davantage « chrétien » ou « catholique » de nous suicider pour faire vivre les autres, ni de renoncer à notre foi, notre culture, notre identité, pour faire place à la leur. Ayons le bon sens et le courage de défendre notre foi, notre identité, notre civilisation. Il ne s’agit pas du tout de racisme mais du devoir et du droit de « maintenir le dépôt de la foi » et « les traditions telles que nous les ont transmises « les apôtres (1 Cor 11, 2 s).
Et que l’on ne s’avise pas à détruire notre présent et notre avenir chrétiens, en Occident, sous prétexte de mauvaise conscience et de réparation pour le passé odieux de colonialisme. Maintenant, il y de nouvelles dictatures intellectuelles (des « portes ouvertes », de « la pensée unique », du « politiquement correct », du « pas d’amalgame ») et un néo-colonialisme, précisément effectué par des ex-colonisés. Il paraît que Marthe Robin avait prédit ce séparatisme anti-citoyens-de-souche et anti-chrétien.
Donner avec « prudence » et « discernement »
Le même principe s’applique « à l’accueil », selon les conseils du Pape François qui, dernièrement, a mis de l’eau dans son vin, se rendant compte de ce qu’il y a « derrière les coulisses » d’actions dites « de sauvetage » ou de la migration : à savoir les trafics d’humains, les intérêts financiers et l’exploitation des « réfugiés », l’écrasant poids sur certains pays accueillants, sans compter les intentions de domination et de conquête de la part de certains ou de nombreux immigrés de confession islamique qui ne se gênent pas de crier « Allah akbar » en arrivant à une Europe qu’ils voient déjà en voie de soumission.
Conclusion
Nous ne voulons pas ici attirer des offrandes pour les chrétiens pauvres de Terre Sainte et du Moyen-Orient, même si Saint Paul le faisait (2 Cor 8- 9), lui qui avait écrit aux Galates qu’il fallait surtout et d’abord « aider nos frères dans la foi » (Gal 6, 10). Dans cette homélie, nous restons désintéressés, en recommandant à nos frères et sœurs d’Occident de penser sérieusement à tous les dangers qui les guettent, surtout à l’appauvrissement spirituel, moral, intellectuel et culturel. Et que l’Europe ne se suicide pas, par une « charité » aussi myope que déplacée ! Que l’Europe « se souvienne qu’elle existe », l’Europe chrétienne, dont la civilisation est essentiellement fondée, quoi qu’on dise, sur Jésus-Christ et l’Evangile !
Que « le Seigneur de la vie » nous délivre « de la culture de la mort » ! Et « que les Catholiques s’opposent, avec intrépidité, à ceux qui mènent la fabrique odieuse et hideuse de la mort » (le Pape François).