Suite de nos articles précédents :
Rappel : en 1999, le Centre National de Pastorale liturgique (CNPL) faisait paraître un essai de cérémonial, avec des parties mystagogiques, concernant une « bonne » interprétation des rubriques et des usages liturgiques : « Du bon usage de la liturgie » . Nous en faisons une lecture commentée. Notre commentaire suit chacun des paragraphes.
Le mot d’accueil. Son but est d’introduire les fidèles à la messe du jour. Ce n’est pas une petite homélie sur l’Évangile qui n’a pas encore été proclamé. Il peut y être fait allusion discrètement, cependant, surtout lorsque l’Évangile est très connu (Bon Pasteur, Fils prodigue …). On se rappellera pourtant que le mot d’accueil n’est pas fait pour inviter à célébrer quelque chose (le salut, la grâce, la guérison …), mais «Quelqu’un» qui rassemble ses disciples pour leur parler et les nourrir.
Le « mot d’accueil ». Voici effectivement un « rite » entré dans les mœurs. Mais de quoi s’git il vraiment ? Le Missel romain actuel nous dit :
Sacerdos, vel diaconus vel alius minister, potest brevissimis verbis introducere fideles in Missam diei.
Traduction : Le prêtre, ou le diacre ou un autre ministre, peut, par des mots très brefs, introduire les fidèles à la messe du jour.
Remarquons donc immédiatement que :
1 – le « mot d’accueil » n’a rien d’obligatoire.
2 – Il doit être très bref
3 – il n’est pas forcément fait par le prêtre, mais la rubrique mentionnant le diacre, il s’agit davantage d’une monition, c’est à dire d’un encouragement à la piété adressé aux fidèles.
On peut inférer de cette dernière observation que ce mot doit avoir le style littéraire de toutes les autres monitions diaconales, lorsqu’elles sont précisés par les textes : « Offerte vobis pacem » : littéralement « offrez-vous la paix », adapté dans le missel français par « Dans la charité du Christ, donnez vous la paix », ou « Ite Missa est » « Allez, la messe est dite » adapté en Français en « Allez dans la paix du Christ », ou encore « Procedamus in pace » au début des processions qu’on peut traduite par « avançons dans la paix ». Notons que ces monitions sont pour la plupart solennelles et chantées dans le rite romain et qu’effectivement elles sont « brevissimes » : 3 mots. Voilà ce que signifie « brevissime » dans le rite romain… Le diacre s’adressant toujours aux fidèles et jamais directement à Dieu, il n’y a pas besoin de mentionner « frères et sœurs » etc… De plus, l’usage retient la position des mains jointes du ministre qui fait cette monition. On pourrait donc tout à fait imaginer le diacre, restant à la droite du célébrant, au siège, les mains jointes, annoncer simplement « Célébrons le Christ dans le mystère de Sa glorieuse Ascension », ou d’autres mots en fonction évidemment, de la liturgie du jour. Et c’est déjà bien long… ! En tout cas, cela suffirait, ce serait digne, ce serait en conformité avec la sobriété et la noblesse du rite romain, surtout si ces mots sont suivis de quelques secondes de silence, exactement à la manière dont on fait par exemple la commémoration du mystère lorsqu’on récite le rosaire.
Toutes les fois qu’une catégorie de fidèles sera davantage concernée (parents des enfants du catéchisme, membres de tel mouvement ou association dont c’est la fête ou la journée nationale …), ou bien que l’assemblée est composée d’une part de fidèles qui ne sont pas là habituellement (touristes, pratiquants irréguliers à certaines grandes fêtes …), le mot d’accueil commencera, bien sûr, par leur souhaiter la bienvenue de la part du Seigneur et de la communauté qui les reçoit.
Trop souvent, et il est vrai que malheureusement, l’ouvrage « du bon usage » finit par l’encourager ce « mot d’accueil » se perd en considérations mondaines tout à fait discutables. Disons le franchement : non, ce n’est pas le lieu et l’instant de se congratuler. Le rite d’entrée a cherché justement à faire pénétrer les baptisés dans la célébration. Ce n’est certainement pas le moment de leur souhaiter la bienvenue, ou que sais-je encore, comme si l’église elle même n’était pas ouverte à tous ou comme si il y avait besoin d’avoir un cartons d’invitation pour satisfaire au précepte dominical…
Enfin, le mot d’accueil se terminera logiquement par l’introduction à la préparation pénitentielle.
Notons tout de même que justement, cette monition d’introduction à la messe du jour n’est pas la tâche naturelle du prêtre, puisque comme nous l’avons vu, la rubrique mentionne le diacre, donc considérer que la préparation pénitentielle est suivie ou achevée par la préparation pénitentielle qui elle est a tâche du prêtre (ses mots commencent dans le Missale romanum par « Fratres », Frères, pour bien indiquer qu’il n s’adresse pas à Dieu) est inexact, ou du moins un raccourci un peu rapide par rapport à la véritable dynamique de la célébration.
Ce mot d’accueil fait doublure avec la salutation du prêtre et même avec les paroles de l’introït. C’est un parasitage de la parole du prêtre de type mondain. Le Cérémonial de la Sainte Messe à l’usage ordinaire des paroisses suivant le missel romain de 2002 et la pratique léguée du rit romain n’en parle pas. Encore une fois un petit mot « brevissimis verbis » mal compris engendre des abus. Vous parlez de monition diaconale brève? C’est flou…. Il faut revenir sur cette question. Que doit-il dire?
À mon avis le mot d’accueil sois la forme détestable que nous lui connaissons actuellement, est né de la fonction d’animateur, mal comprise et copiée sur les plus médiocre animateurs cabotins de jeux télévisé. Nos animateurs liturgiques pensent qu’ils doivent monter qu’ils ont effectué un gros travail de préparation : mot d’accueil interminable et soporifique ou incongrus, phrases médiocres entre les phrases du Kyrie (cette forme ayant fait définitivement abandonner le Confiteor), agitation dans le cœur, grands gestes pour attirer l’attention sur eux (la chant n’a pas besoin d’être guidé par de grand geste s’il est introduit d’une voix sure et juste); sans oublier les “chapeaux” au lectures, les prières universelle à sept ou huit intentions, mais toujours vagues, pleines de poncifs, sans jamais de vraies intentions “locales” ou appropriées à l’actualité de la semaine.
Les déplacements, le brassages de papiers et de partitions, l’échange de micro (ils ou elles sont souvent deux, voire plus, pour bien montrer que c’est un travail d’équipe), le retard pour se trouver au bon moment au micro (en particulier pour le sanctus) : était-il besoin de s’en éloigner; une présence constante calme et discrète est moins dérangeante que les va-et-vient continuels, surtout en cherchant à se cacher (marche “jambe pliées” et autres attitude ridicules.)
Pour revenir au vrai sujet:
Vous notez : ”Enfin, le mot d’accueil se terminera logiquement par l’introduction à la préparation pénitentielle.”
Ce qui semble vouloir signifier que sa place est bien après le chant d’entrée, lorsque le prêtre est en place; ce qui va tout à fait dans le même sens que les remarques de Tony, ci-dessus.
Par contre, dans plusieurs paroisses des environs (je ne sais pas comment ça a évolué ailleurs), ce mot d’accueil, fait avant le chant d’entrée, sert aussi à différentes annonces, dont certaines pourraient se placer ailleurs (à la place traditionnelles des annonces de la semaine), mais pour d’autres (intentions de messes, qui ne sont plus dites (ne doivent plus être dites ?) au cours des Memento, je ne vois plus trop comment faire.
Bien sûr vous avez raison. Il faut extirper l’habitude du « mot d’accueil » qui n’a pas de vrai sens. C’est un peu l’esprit de cet article.
Bonjour,
Je suis bénévole dans une EPHAD dans le 49 et je fais partie en tant que bénévole à la messe célébrée le vendredi pour les résidents
On me demande pour vendredi prochain, à mon tour, de dire un mot d’accueil aux résidents avant la célébration de la messe.
N’ayant jamais pris la parole pour dire ce mot d’accueil pouvez vous s’il vous plait m’aider dans cette démarche et m’envoyer des exemples car je suis angoissée et ne sais pas quoi leur dire.
Par avance je vous remercie
Cordialement
Ne le faites pas. Aucun « mot d’accueil » prononcé par un laïc n’est prévu dans la liturgie romaine. Vaus n’avez pas à faire ça. Soyez courageuse.