L’homélie du Cardinal Sarah lors de la messe à Chartres du pèlerinage de Pentecôte (traditionaliste, organisé par la mouvance « Ecclesia Dei », c’est à dire en communion parfaite avec Rome) permet de rappeler d’utiles considérations relevant de beaucoup de points clefs qui semblent aujourd’hui remis en cause par certains clercs. Quelle fraîcheur !
Notamment d’utiles rappels – comme à son accoutumée sur la liturgie :
Chers pèlerins, sans silence, il n’y a pas de lumière. Les ténèbres se nourrissent du bruit incessant de ce monde, qui nous empêche de nous tourner vers Dieu.
Prenons exemple sur la liturgie de la messe de ce jour : elle nous porte à l’adoration, à la crainte filiale et amoureuse devant la grandeur de Dieu ; elle culmine à la Consécration, où tous ensemble, tournés vers l’autel, le regard dirigé vers l’Hostie, vers la Croix, nous communions en silence dans le recueillement et l’adoration.
Frères, aimons ces liturgies, qui nous font goûter la présence silencieuse et transcendante de Dieu et nous tournent vers le Seigneur.
Chers frères prêtres, je vais m’adresser maintenant à vous spécialement. Le saint sacrifice de la Messe est le lieu où vous trouverez la Lumière pour votre ministère. Le monde dans lequel nous vivons nous sollicite sans cesse ; nous sommes constamment en mouvement. Le danger serait grand de nous prendre pour des travailleurs sociaux. Nous ne porterions plus alors au monde la Lumière de Dieu mais notre propre lumière qui n’est pas celle qu’attendent les hommes. Sachons nous tourner vers Dieu, dans une célébration liturgique recueillie, pleine de respect, de silence, et empreinte de sacralité. N’inventons rien dans la Liturgie, recevons tout de Dieu et de l’Eglise ; n’y cherchons pas le spectacle ou la réussite. La Liturgie nous l’apprend : être prêtre, ce n’est pas d’abord faire beaucoup ; c’est être avec le Seigneur sur la Croix. La Liturgie est le lieu où l’homme rencontre Dieu face à face. La Liturgie est le moment le plus sublime où Dieu nous apprend à reproduire en nous l’image de son Fils Jésus-Christ, afin qu’il soit l’aîné d’une multitude. Elle n’est pas – elle ne doit pas être – une occasion de déchirements, de luttes, et de disputes. Dans la forme ordinaire, tout comme dans la forme extraordinaire du rite romain, l’essentiel est de nous tourner vers la Croix, vers le Christ, notre Orient, notre Tout, notre unique horizon. Que ce soit dans la forme ordinaire ou la forme extraordinaire, sachons toujours célébrer, comme en ce jour, selon ce qu’enseigne le concile Vatican II, avec une noble simplicité, sans surcharges inutiles, sans esthétique factice et théâtrale, mais avec le sens du sacré, avec le souci premier de la gloire de Dieu et avec un véritable esprit de fils de l’Eglise, d’aujourd’hui et de toujours.
Mais pas seulement ; son intervention a également mentionné – alors qu’on parle d’un synode sur l’Amazonie devant traiter de la question des Viri Probati (= ordination sacerdotale d’hommes mariés, qui est, nous l’avons vu une vieille revendication poussiéreuse, et remis à l’ordre du jour par les sorties médiatique de l’ex-abbé Gréa http://www.scholasaintmaur.net/il-y-a-46-ans-le-p-bouyer-repondait-deja-a-grea-denis-et-gaulmyn/ ) la nécessité » pour l’Eglise de s’en tenir à la discipline du célibat sacerdotal, qui es tune doctrine apostolique :
Chers frères prêtres, gardez toujours cette certitude : être avec le Christ sur la Croix, c’est cela que le célibat sacerdotal proclame au monde ! Le projet, de nouveau émis par certains, de détacher le célibat du sacerdoce en conférant le sacrement de l’Ordre à des hommes mariés (les viri probati) pour, disent-ils, « des raisons ou des nécessités pastorales », aura pour graves conséquences, en réalité, de rompre définitivement avec la Tradition apostolique. Nous allons fabriquer un sacerdoce à notre taille humaine, mais nous ne perpétuons pas, nous ne prolongeons pas le sacerdoce du Christ, obéissant, pauvre et chaste. En effet, le prêtre n’est pas seulement un alter Christus, mais il est vraiment ipse Christus, il est le Christ lui-même ! Et c’est pour cela qu’à la suite du Christ et de l’Église, le prêtre sera toujours un signe de contradiction !
Toutes les études sérieuses le prouvent :
La norme la plus ancienne se limitait à interdire la bigamie [souvent appelée bigamie successive ; digamia] c’est-à-dire le nouveau mariage du clerc après qu’il soit devenu veuf (1 Tm. 3, 2 ; Tt. 1, 6). La règle du célibat est fixée pour tout l’Occident à la fin du IVème siècle avec les décrétales des papes Sirice et Innocent I, et est reprise ensuite par de nombreux conciles. Voir R. Gryson, Les origines du célibat ecclésiastique, Gembloux, 1970 ; C. Cochini, Origines apostoliques du célibat sacerdotal, Paris-Namur, 1981 ; F. Liotta, La continenza dei chierici nel pensiero canonistico. Da Graziano a Gregorio IX, Milano, 1971.
[Note du Traducteur : un certain nombre d’auteurs insistent sur l’origine très ancienne, et même apostolique, de ces normes.
Le concile d’Elvire (vers 300-305 ; c. 33, Mansi II, 11), mentionné dans l’encyclique Sacerdotalis Cælibatus de 1967 (n° 36, note 21), dispose : « On est tombé d’accord sur l’interdiction totale faite aux évêques, aux prêtres et aux diacres, c’est-à-dire à tous les clercs employés au service de l’autel, d’avoir, de commercer avec leurs épouses et de procréer des enfants ; cependant, celui qui l’aura fait devra être exclu de l’état clérical. »
D’après l’analyse de ce texte, il semble que, bien loin d’innover, cette disposition ne fait que reprendre une règle plus ancienne :
– aucune explication n’est donnée pour la justifier,
– aucune mention n’est faite d’une norme disciplinaire antérieure abrogée,
– aucune protestation n’a été constatée :
– tout cela serait inexplicable dans le cas d’une nouveauté particulièrement contraignante et impopulaire.
Le canon 3 du Concile de Nicée (325) parle des femmes admises à habiter dans la maison des clercs : une sœur, une mère, une tante ; aucune mention n’est faite de leurs épouses.
Dans le même sens que le livre du P. Christian Cochini, Roman Cholij (prêtre de rite oriental, Secrétaire de l’Exarcat Apostolique pour les catholiques ukrainiens en Grande-Bretagne) a obtenu son doctorat ‘summa cum laude’ pour sa thèse sur le célibat sacerdotal à l’époque apostolique ; il est l’auteur de Clerical Celibacy In East And West, Leominster, 1989 ; son texte Priestly celibacy in patristics and in the history of the Church figure sur le site internet du Vatican).
Sa conclusion est que sa propre Église orientale et les autres se sont écartées de la tradition apostolique.
Enfin, il convient de distinguer entre l’obligation pour les ordinands d’être célibataires, et l’obligation d’observer la continence pour les hommes mariés recevant l’ordination ; c’est précisément à cause de cette obligation de garder la continence que le mariage des clercs a (tardivement) été marqué de nullité, la continence ne permettant pas une vie de couple normale.]
(source : https://www.leforumcatholique.org/message.php?num=848063 )
Or on apprend en même temps qu’en cas de Conclave et depuis le tout dernier Consistoire, c’est le Cardinal Sarah qui serait celui qui annoncerait le fameux « Habemus papam » en tant que Cardinal proto-diacre :
Le cardinal Sarah, nouveau protodiacre en cas de conclave
La Croix , le 21/05/2018 à 16h53
Une « optatio » officialisée lors du consistoire du samedi 19 mai a fait passer plusieurs cardinaux-diacres dans l’ordre des prêtres.
Au cours du consistoire ordinaire public pendant lequel il a notamment annoncé les canonisations de Paul VI et Mgr Oscar Romero, le pape François a également fait passer, samedi 19 mai, certains des cardinaux-diacres dans l’ordre des prêtres.
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Si tous les cardinaux sont bien ordonnés évêques, ils sont néanmoins répartis dans trois « ordres » liés chacun aux diocèses entourant Rome (cardinaux-évêques) ainsi qu’aux paroisses (cardinaux-prêtres) et diaconies (cardinaux-diacres) de Rome, chaque cardial étant ainsi virtuellement lié au diocèse de Rome dont ils ont la charge d’élire l’évêque.
Samedi, le pape a donc accédé au vœu (optatio) des cardinaux Leonardo Sandri, Giovanni Lajolo, Paul Josef Cordes, Angelo Comastri, Stanisław Ryłko et Raffaele Farina de passer dans l’ordre des prêtres.
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Si le cardinal Renato Martino demeure le cardinal-protodiacre (le plus ancien dans l’ordre des cardinaux-diacres), ses 85 ans lui interdisent de participer à un conclave.
De ce fait, c’est au plus ancien des cardinaux-diacres de moins de 80 ans, le cardinal guinéen Robert Sarah, qu’il reviendra, en cas de conclave, de remplir les fonctions du protodiacre, la plus éminente étant celle d’annoncer le nom du nouveau pape.
Le cardinal Sarah, qui aura 73 ans le 15 juin prochain, est actuellement préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.
Cela sous entend donc que si jamais il y a un conclave prochainement, et que ce n’est pas lui qui s’avance pour prononcer le « habemus papam », vous saurez, avant même que cela soit annoncé, que c’est justement le Cardinal Sarah qui a été élu.
Le blanc lui va si bien :
Ce n’est pas un scénario impossible. Le Cardinal Ratzinger, qui savait si bien aborder les sujets « qui fâchent » avant son élection, au point d’être considéré comme un « horrible conservateur rétrograde » par beaucoup de média, y compris catholiques, s’est justement fait élire sans avoir sonné de gages à quiconque et sans aucun calcul de petite politique. Exactement comme ce courageux Cardinal guinéen. Et précisément, vu d’ici, puisque notre Archevêque de Dakar (poste « traditionnellement cardinalice…) n’a toujours pas été promu au cardinalat, nous nous verrions bien – pour compenser ! – avoir un pape d’Afrique de l’Ouest….