Étonnante et solennelle injonction que nous fait le Christ par deux fois dans l’Évangile de ce dimanche, 3ème de carême.
« Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous ! »
En cette période d’actualité brûlante, où se joue au Sénat l’avenir de la famille en France, puisque le non-débat sur le « mariage pour tous » suit son cours, et à aucun moment ne semble s’ouvrir à la possibilité même d’un rejet du projet Taubira. Comme si le mécanisme partisan était irrémédiablement enclenché pour aboutir immanquablement à un recul civilisation une défaite philosophique, un affadissement légal de l’altérité homme – femme.
C’est maintenant le temps favorable, c’est maintenant le jour du salut.
(Ecce nunc tempus acceptabile,)
ecce nunc dies salutis:
in his ergo diebus exhibeamus nosmetipsos
sicut Dei ministros in multa patientia, in ieiuniis,
in vigiliis, et in caritate non ficta
Il faut pourtant se poser la question : nous descendons à plus d’un million dans la rue en janvier pour protester contre ce projet. Rien n’y fait, cela n’enclanche aucune réaction politique. Notre gouvernement est muet. Il reçoit Frigide entre deux portes. Aucune déclaraiton publique. François ne comprend rien ? Mon oeil….
Nous organisons une pétition pour saisir le Conseil Economique Social et Environnemental, qui rejette sans plus de procès les 700.000 signatures citoyennes recueillies en seulement 15 jours. Non recevable. Circulez, rien à voir…
Nous nous apprêtons à revenir à Paris pour une grande manifestation nationale le 24 mars… Mais cela changera t’il quoi que ce soit ? En sommes nous certains ? En discutant avec tel ou tel, nous nous rendons compte que ce geste du 24 mars sera avant tout une sorte de baroud d’honnneur, sans véritable espoir, juste pour dire « ben on a fait ce qu’on a pu »…. A nos descendants…
« Ce qu’on a pu » ? Une sorte de bataille perdue d’avance. Une sorte de saut desespéré sur Dien Bien Phu, en sachant parfaitement que de toutes façons, nous serons vaincus ? Une geste de panache, certes mais… Pour l’honneur.
Mais ça ne suffit pas. Et je crois que la liturgie de ce dimanche particulier, le 3ème de Carême, nous enseigne autre chose :
1- une injonction à la conversion… « Ou vous périrez, tous ! » (Lc 13), l’évangile du jour.
2- une invitation à la lutte, pour obtenir la victoire : « Courez de même, afin de le remporter. Quiconque veut lutter, s’abstient de tout : eux pour une couronne périssable; nous, pour une impérissable. » (Lectio Brevis des IIèmes vêpres, Cf. 1 Cor 9, 24-25).
Peut être est il enfin temps de réellement prendre en main le smoyens de la victoire, pour entrer véritablement dans le combat. Car une conversion signifie clairement un changement de perspective… Si aucune des énergies dépensées jusqu’ici n’a été couronnée de succès, ce n’est certainement pas parce que « Dieu permet ce mal ». C’est parce que c’est nous qui ne changeons pas. Et changer, j’en ai désormais la conviction, c’est sortir de certaines postures tactiques, et c’est réellement pointer du doigt ce qui est profondément faux dans le « mariage homo ». L’union entre deux personnes du même sexe ne peut pas avoir au regard de la république la même valeur anthropologique, sociétale, sociale et légale qu’un mariage qui est l’union d’un homme et d’une femme. Il faut enfin regarder les choses en face. La question de la filiation et de l’adoption pleinière est grave évidemment, mais en fin de compte elle est une conséquence de cette conception erronée. Nous ne manifesterons pas « que » contre l’adoption pour les homosexuels, mais aussi et surtout contre le « mariage » des persones de même sexe. L’important n’est pas « seulement » l’enfant. L’important n’est pas « seulement » d’être là « pour l’enfant ». Nos porte-parole de la « Manif pour tous » voudront ils réellement inscrire cette idée parmi les slogans du 24 mars ? Il le faut pourtant. « Ou vous périrez tous »…
La lutte : courons afin d’emporter le prix… Et pas en sachant que nous allons perdre. Parce que nous pouvons gagner. Mais pour cela, il va vraiment falloir changer le ton de la manif du 24. La ballade du dimanche après midi en des familles comme il faut en Cyrillus et en poussettes… Ça fait rire nos ennemis, notre ennemi. Même à un million, même sur le champs de Mars. Ça continuera à les faire rire, même sur les champs Elysées. Il faut faire peur au pouvoir, il faut que François Hollande se sente menacé. Il faut qu’il sente vaciller sa construction politique inique. Il faut qu’il se désolidarise de Taubira. Il faut qu’il comprenne que ce qu’attend le peuple français, c’est une action politique qui mette en oeuvre un desserrement économique, mais que ce « mariage pour tous » n’est pas ce pourquoi le peuple l’a élu. Ça ne fait même pas partie de ses promesses du second tour. Ce soit disant « mariage pour tous » c’est seulement une régression civilisationnelle qui d’ailleurs ne fera qu’accentuer la crise économique. Car tout se tient. Hollande nous propose le mariage homo ! Ce que le peuple veut, ce sont des emplois, pas le mariage homo.
Jusqu’où ? A l’heure où les cardinaux se réunissent à Rome en vue de l’élection du prochain souverain pontife, souvenons-nous de la couleur de leur soutane : le rouge, couleur du martyre. Souvenons-nous aussi des propos de l’un d’entre eux, qui vient juste de décéder, l’archevêque émérite de Tours, le Cardinal Honoré, qui n’hésita pas en son temps à affirmer (certes sur un autre sujet, mais qui n’est pas si éloigné : l’avortement, au sujet de la loi Neiertz) au sein même d’une instance de la République française :
« Leur procès n’est pas celui d’un fanatisme aveugle, comme on voudrait le faire penser. C’est le procès d’un conflit entre deux logiques irréductibles : l’une est la logique de compromis qui engendre la compromission et produit l’oeuvre de mort ; l’autre est une logique de conviction qui enfante le courage et protège la vie.
La logique de compromis ne connaît pas de limites. Nous le voyons bien avec toute une législation qui depuis vingt ans ne fait qu’élargir la brèche ouverte par une première loi. Une succession de mesures se conclut par cette loi Neiertz qui prévoit la poursuite judiciaire et des sanctions appropriées à ceux qu’elle dénonce comme des délinquants du natalisme.
Dans cette course en avant, comment la logique du compromis ne ferait-elle pas surgir le choc en retour de l’autre logique, celle de la conscience et du droit moral ? Afin de provoquer le réveil d’une opinion anesthésiée, certains de ses agissements peuvent franchir les limites de ce qu’il est convenu d’appeler l’ordre public. Il faut alors s’attendre à des gestes comme ceux qui sont instruits aujourd’hui devant ce tribunal. De tels gestes de résistance ne sont-ils pas le moyen, l’ultime moyen, le recours en quelque sorte désespéré, mais conscient et obstiné, de faire entendre une autre voix que celle de la démission ?
N’en doutez pas, M. le Président, MMmes les Juges, ce procès n’est pas seulement celui des accusés. Il est aussi celui de notre société. Il est celui de l’État.
Puissent ces paroles provoquer également la mobilisation de nos pasteurs, de nos cardinaux français en particulier. Les soldats ne vont pas au combat sans leurs généraux. Se souvient on encore qu’un certain archevêque de Paris, Mgr Affre, est mort sur les barricades lors de la révolution de 1848 alors qu’il allait soutenir les insurgés contre le gouvernement ?
Le 24 mars, c’est l’entrée glorieuse du Pasteur des peuples, du prince de Paix dans la ville se Son Sacrifice. Le 24 mars c’est le dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur. Vous y voyez une coïncidence, vous ?
Mgr Affre, archevêque de Paris, sur les Barricades
On ne saurait mieux dire !