L’autel dans la liturgie romaine

(Source : Proliturgia – www.proliturgia.org )

Dès le début de l’Eglise, l’autel est la table du repas sacré auquel se présente le disciple du Christ pour recevoir la communion eucharistique.

Mais en même temps qu’il est une table, l’autel représente la pierre sur laquelle est réactualisé le sacrifice de la Nouvelle Loi. Le concept de la table du repas sacré est indissociable du concept de pierre du sacrifice. Et ce – il faut insister – dès les premiers siècles.

Cependant, au courant du IIIe siècle, un concept nouveau s’ajoute à ceux qui existent déjà : l’Eucharistie se célèbre parfois, sinon sur le tombeau d’un martyr, du moins sur un autel qu’on a dressé devant celui-ci. Le pape Félix Ier (269-274) prend déjà des dispositions concernant cette pratique.

Après la paix constantinienne (314), des basiliques sont construites dans les cimetières qui sont autour de Rome, et leurs autels sont disposés de préférence au-dessus du tombeau d’un martyr vénéré. Mais parfois aussi, c’est le corps du martyr qui est transféré dans une nouvelle basilique construite à l’intérieur de la ville.

A partir du VIIe siècle, un usage se répand en Occident : ne plus consacrer d’autels sans y placer des reliques. C’est ainsi que l’autel, table du repas sacré et pierre du sacrifice, devient aussi l’évocation d’un tombeau. Ce sont ces trois concepts qui, à des degrés variables, vont influencer la forme des autels au cours des siècles.

Au début du christianisme, l’Eucharistie est généralement célébrée dans des maisons particulières et l’autel, une simple table en bois, est préparé pour la cérémonie puis rangé après celle-ci. C’est seulement dans le courant du IIIe siècle que les chrétiens commencent à acquérir des lieux réservés au culte où l’autel perd son caractère précaire. Les peintures des catacombes donnent quelques indications sur ces anciens autels : ils ont souvent la forme d’un guéridon à trois pieds, comme sont certains meubles précieux des riches demeures romaines de l’époque.

Les mosaïques anciennes – celles de Ravenne, par exemple – montrent également des autels en bois à quatre pieds. Ils sont recouverts d’une nappe richement brodée qui retombe très bas.

Pendant longtemps, on ne va utiliser que des autels en bois. Ce n’est qu’en 517 que le concile d’Espagne détermine l’usage d’autels en pierre. Mais il faudra encore attendre de longues années pour que la décision conciliaire soit appliquée.

Pour inspirer le respect de ces autels, on place derrière et sur les côtés des courtines d’étoffes précieuses suspendues à des tringles en cuivre. Cet usage sera conservé durant tout le moyen-âge. Cependant, en certains endroits, les habitudes changent dès la fin du XIIe siècle. Apparaissent alors les retables. Les simples gradins où sont posés les cierges et la croix prennent peu à peu des dimensions plus importantes qui varient selon les pays et deviennent des œuvres peintes ou sculptées. Quant à la Réserve eucharistique, elle est placée dans des tourelles sculptées contre un mur, le tabernacle placé sur l’autel n’apparaissant qu’à la fin de la Renaissance pour se généraliser au cours du XVIIe siècle, au moment où les autels d’inspiration baroque prennent des dimensions toujours plus importantes qui favorisent des cérémonies qui verseront dans pompeux et le théâtral jusqu’à ce qu’au début du XXe siècle, avec S. Pie X, on ressente l’urgence de redonner aux fidèles la possibilité de renouer avec ce que la liturgie a d’essentiel.

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