Ce livre fondamental est à lire ; il traite du sujet sensible actuel, à savoir la question de l’indissolubilité du mariage et de son rapport avec la vie sacramentelle des Chrétiens.
On se souvient que le Cardinal Kasper avait fait un discours allant dans le sens se l’idée d’un alignement des pratiques catholiques sur celles des pratiques de certaines Églises orthodoxes ; apparemment, ces idées, assez anciennes, ont pu, dans l’ambiance de « réforme de l’Église » qui s’est installée au Vatican, avoir un certain succès médiatique.
Il semble néanmoins que ce succès médiatique ne corresponde en rien à un succès théologique… Puisqu’elles ouvrent tout simplement la porte à une fausse notion de la miséricorde, à un oubli de la notion de péché, à un amoindrissement de la conscience, à une ouverture à un certain relativisme, et à une négation de la croix. Et au bout du compte, à l’impossibilité pour les pêcheurs à accueillir la grâce d’une conversion.
Au sujet des prochaines polémiques du synode de la famille, un autre Cardinal, l’archevêque de New York, Thimothy Dolan, pouvait ainsi dire récemment :
« Les gens ne devraient pas s’attendre à quelconque changement sur la question de l’accès au sacrement de communion pour les divorcés remariés, question très en vogue les derniers mois en prévision du rendez-vous du Synode. »
« personnellement je ne vois pas comment il pourrait y avoir de changement dramatique sans aller à l’encontre de l’enseignement de l’Église. »
Il importait donc de rappeler deux ou trois idées, ce que fait avec constance et intelligence ce livre. Non, l’Église ne peut pas reconnaître le divorce (mais peut légitimement constater la séparation des corps) ni « remarier ». Et cela même justement, au nom de la miséricorde. Il est bien triste de constater que de nombreux média, y compris certains d’entre eux qui prétendent avoir une étiquette chrétienne, cherchent à monter en épingle cette polémique pour en quelque sorte ensuite accuser le pape d’avoir « reculé » face aux promoteurs d’une « vision conservatrice et pharisienne » du mariage.
On entend ici ou là que « la seule chose que ne pardonne pas l’Église, c’est le remariage après divorce », alors même que le clergé est prêt à donner l’absolution à des serial killers. On oublie cependant une chose : pour qu’il y ait sacrement il faut qu’il y ait matière, et pour qu’il y ait sacrement du pardon, il faut une contrition. Si un(e) remarié(e) continue à vivre comme si son mariage (valide) n’existait pas, c’est à dire en reniant un sacrement précédemment reçu, il n’y a pas de contrition donc pas de pardon.
Le vrai débat aura lieu sur les questions de validité du premier mariage. Un mariage peut être reconnu comme nul, a posteriori, si effectivement les conditions de sa validité ne sont pas réunies. La grande question est justement de faire en sorte que les procédures de reconnaissance en nullité – surtout au regard du caractère éminemment mondain de certains mariages, très loin de l’ancrage et de l’engagement chrétiens – ne s’apparentent pas – a minima dans l’esprit des gens – à des reconnaissances de divorce.
En prenant un peu de hauteur, nous pouvons facilement nous rendre compte que ce débat est en réalité né de l’infection janséniste qui a atteint les plus hautes sphères pastoralo-ecclésiales. Le sacrement n’est plus vraiment – si on écoute certaines personnes – un gage efficace de l’action divine dans la vie chrétienne, mais une attitude mondaine. A l’époque des apôtres, l’attitude ritualo mondaine était entre autres, la circoncision, qui était impérative ; « ça se fait ». Notre époque n’est pas si différente : on se marie parce que ça se fait, on divorce parce que ça se fait et on voudrait également communier parce que ça se fait. Tout l’enjeu du synode sur la famille sera justement de redonner du sens à la réception des sacrements, qui sont le gage de vie éternelle et aussi source d’un bonheur ici bas, dans notre vie quotidienne, ici et maintenant, cette vie chrétienne qui nous fait participer à la croix. Rappelons qu’à cette croix participent directement et violemment nos frères chrétiens d’Iraq et de Syrie. Portons les dans nos communions.
Laissons donc en conclusion, dans cette perspective, la parole à S. Paul : Gal 6,11-18 :
Vidéte quálibus lítteris scripsi vobis mea manu. Quicúmque volunt placére in carne, hi cogunt vos circumcídi, tantum ut crucis Christi persecutiónem non patiántur; neque enim, qui circumcidúntur, legem custódiunt, sed volunt vos circumcídi, ut in carne vestra gloriéntur. Mihi autem absit gloriári, nisi in cruce Dómini nostri Iésu Christi, per quem mihi mundus crucifíxus est, et ego mundo. Neque enim circumcísio áliquid est neque praepútium sed nova creatúra. Et quicúmque hanc régulam secúti fúerint, pax super illos et misericórdia et super Israel Dei. De cétero nemo mihi moléstus sit; ego enim stígmata Iésu in super córpore meo porto. Grátia Dómini nostri Iésu Christi cum spíritu vestro, fratres. Amen. |
Voyez en quels caractères je vous ai écrit de ma propre main. Tous ceux qui veulent plaire selon la chair vous obligent à vous faire circoncire, uniquement afin de n’être pas persécutés pour la croix du Christ. Car ceux-là même qui sont circoncis n’observent point la loi; mais ils veulent vous faire circoncire, afin de se glorifier dans votre chair. Pour moi, à Dieu ne plaise que je me glorifie, si ce n’est dans la Croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde. Car, dans le Christ Jésus, ce n’est pas la circoncision qui sert à quelque chose, ni l’incirconcision, mais la nouvelle créature. Tous ceux qui suivront cette règle, que la paix et la miséricorde soient sur eux, et sur l’Israël de Dieu. Que personne à l’avenir ne me cause de la peine; car je porte sur mon corps les stigmates du Seigneur Jésus. Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit, mes frères. Amen. |
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Bonjour,
On évitera soigneusement de dire qui encourage la diffusion de ces doctrines hétérodoxes dans l’Eglise, et qui est en train de semer le désordre et la division dans bien d’autres domaines.
Car en réalité, le fond du problème est là et cette présente question n’en est qu’une illustration.
Absolument. Sur cette question, on regardera avec profit pro Liturgia :
La Croix :
Le Point :
Et parmi ceux qui tirent contre leur propre camp :
http://www.diocesedegap.fr/la-chronique-de-mgr-jean-michel-di-falco-leandri-lacces-des-divorces-remaries-leucharistie/
Dans une autre interview, il se prononce pour les coupels homosexuels, le diaconat des femmes etc… Bref. On met le doigt dedans et après… Tout part !
Et encore sur ProLiturgia :
Et sur Chiesa
http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350874?fr=y
J’en profite aussi pour recommender l’article suivant :
http://benoit-et-moi.fr/2014-II/actualites/synode-le-pronostic-de-john-allen.html
Il correspond bien à l’intuition que j’ai eu il y a quelques temps en lisant une entrevue donnée par le Pape François, dans lequel celui-ci déclarait que, selon son opinion, 50% des mariages célébrés étaient invalides.
Etant donné que la doctrine catholique restera inchangée, il ne faut pas sous-estimer les « ruses » qui pourront être employées pour contourner celle-ci.